La vie avant tout
Funéral, c’est l’histoire d’une femme qui cultive la bienveillance. Sallyma Chaty applique cette vertu autant à ses collaborateurs qu’aux familles endeuillées qui la sollicitent. Pour cette femme d’action éprise de terrain et de contact humain, le funéraire a toujours été une évidence et un moyen d’exprimer ses valeurs.
Il y a des métiers qui vous collent à la peau, comme un parfum fait pour vous. Celui qu’exerce Sallyma Chaty est à la croisée de la vie et de la mort. Le funéraire, cette Messine férue de voyages, de cuisine l’a découvert à l’âge de 21 ans. C’était en 1997. Elle soutient et accompagne son compagnon de l’époque dans la création d’une entreprise dans le département de la Meuse, participe activement à son développement. L’histoire ne dure qu’un temps. Elle change de voie, devient adjointe de direction d’une crèche messine en 2003 « Je passais de la mort à la vie », sourit-elle. Une étape supplémentaire dans son parcours échevelé de femme active.
Elle découvre en 2003 un autre monde en intégrant un établissement public (Office de l’Habitat) à Metz. Elle y reste 10 ans. Cette expérience lui permet de développer sa fibre sociale en accompagnant des familles devenues propriétaires de leur logement. Elle gère en parallèle des locaux commerciaux et associatifs. En 2013, elle renoue avec ses premières amours, se plonge corps et âme dans le funéraire, au sein de la société où elle fit ses premières armes. En 2019, à l’orée d’une pandémie qui allait bouleverser la planète, sa vie bascule. On lui diagnostique un cancer. Sa force intérieure lui permet de faire face.
Celle qui se considère comme une miraculée profite de sa convalescence pour se perfectionner. En 2022, elle prend la direction de Bruxelles, plus précisément de l’Académie européenne de coaching, d’où elle repartira avec un master. « J’avais besoin de parfaire ma méthode d’accompagnement, je me suis spécialisée dans l’accompagnement du deuil, la gestion des émotions et du stress, la prévention du burn out » Comme si cela ne suffisait pas, elle décide de repasser ses diplômes à l’École de l’excellence funéraire à Paris, histoire de se mettre au goût du jour. Le goût de la perfection, comme une seconde nature.
Une collaboratrice dans l’âme
En 2023, elle reprend le chemin de l’action en collaborant avec différents confrères en France et au Luxembourg. Son expertise, ses compétences et sa polyvalence (gestion administrative et stratégique, management, travaux) sont mises à contribution pour développer ou améliorer différentes structures. Ce rôle de collaboratrice lui va comme un gant. Elle préfère ce costume à celui de dirigeante.
L’année 2024 marque un nouveau tournant pour elle. L’épicurienne a toujours soif de défis et de nouvelles aventures. Mais aussi de liberté. Elle décide de créer une entreprise en freelance. Funéral voit le jour après une longue gestation et après obtention de l’habilitation préfectorale de pompes funèbres. Le slogan est tout trouvé : honorer des vies.
L’architecte des funérailles
Sous la bannière de l’autonomie, elle continue à promouvoir l’éthique, l’écoute et la bienveillance. Elle a ses mots tatoués sur la conscience. Ils guident ses pas de mandataire funéraire. « Je suis en quelque sorte l’architecte des funérailles », illustre-t-elle en évoquant sa fonction. L’intéressée peut s’appuyer sur un solide réseau de confrères collaborateurs à travers la France et a noué un partenariat exclusif avec un confrère luxembourgeois, pour mener à bien la mission qui est la sienne : épauler les endeuillés et respecter les dernières volontés du défunt, dans son intérêt et celui de sa famille.
« Il a le droit aux mêmes égards qu’un vivant qui est à l’hôpital. À la naissance, les mamans sont accompagnées par une sage-femme. Lors d’un décès, je me considère un peu comme telle, avec pour mission d’accompagner le défunt depuis son décès jusqu’à dernière demeure », insiste-t-elle. La bienveillance qu’elle réserve aux disparus s’applique aussi à ceux qui restent. Sallyma Chaty insiste d’ailleurs beaucoup sur l’accompagnement inhérent à son métier. « Je suis au service des familles dès l’instant où elles font appel à moi, et même au-delà des obsèques. » Cela signifie par exemple les accompagner dans le travail de deuil ou les soulager des démarches administratives. Il peut aussi s’agir de donner une seconde vie aux meubles du défunt ou de vendre son véhicule ou sa maison.
Pourquoi avoir choisi le monde funéraire, où la mort est en constante représentation ? Peut-être et avant tout parce qu’il est en accord avec les valeurs de la fondatrice de Funéral et qu’il permet à cette dernière d’assouvir son penchant pour l’humain dans des circonstances où il prend tout son sens. « J’ai toujours voulu aider les gens », conclut-elle.
Honorer des vies, c’est aussi ça.
Propos recueillis par Olivier PIERSON